mardi 20 novembre 2012

Bestiaire de l'Adoption (3) - Cheval (Episode 1) : Symbolisme et morceaux choisis d'intérêt mythique et psycho-analytique...

À force que l'on me dise que je ressemble à PSY et sa Danse du Cheval, une irrépressible envie de creuser dans la voie du cheval et du chevalier m'a amené à étudier la question, et m'a, comme par hasard, remis dans le sujet de l'adoption...
Le chemin qui mène du cheval à l'adoption passe par son symbolisme, le cavalier puis le chevalier via son adoubement, et s'intéressera également à la chevalerie...
Pour traiter du Cheval dans mon Bestiaire de l'Adoption, je le ferai donc en plusieurs billets...

EPISODE 1 - SYMBOLISME DU CHEVAL : quelques morceaux choisis d'intérêt mythique et psycho-analytique...

Le symbolisme du cheval est complexe et multiple. Il connait tous types de rôles et de symbolismes, bénéfiques comme maléfiques, dans les histoires qui lui sont liées : monture dynamique et impulsive, il est associé à tous les points cardinaux, à chacun des quatre éléments, au soleil comme à la lune, à la vie comme à la mort, au monde chtonien comme ouranien.

Le cheval est également associé aux figures parentalesCarl Gustav Jung l'associe aux figures maternelles, et voit dans le cheval l'un des archétypes de la mère, parce qu'il porte son cavalier tout comme la mère porte son enfant, « offre un contact doux et rythmique, et valorise son cavalier » ; 
à l'inverse, Sigmund Freud l’associe aux figures paternelles, et relève un cas où le cheval est l'image du père castrateur.

Dans les mythes, la domestication du cheval est souvent présentée comme l'entente immédiate et tacite entre le cavalier et sa monture, parfois grâce à l'aide des dieux, comme l'illustrent Pégase, Bucéphale ou encore Grani. La réalité historique est toutefois celle d'un très long processus. Au cinéma, cette domestication est « une étape initiatique, un rite de passage entre l’état sauvage de l’enfance et l’état civilisé de l’adulte ».

Le Dictionnaire des symboles affirme que tous les rites, mythes, poèmes et contes évoquant le cheval ne font que mettre en relief cette relation entre le cavalier et sa monture, considérée, en termes psychanalytiques, comme représentant celle du psychique et du mental : « s'il y a conflit entre eux deux, la course du cheval mène à la folie et la mort, mais s'il y a accord, la course se fait triomphale ». Pour le cavalier, il s'agit de contrôler l'instinct (la partie animale) grâce à l'esprit (la partie humaine).

Carl Gustav Jung note une relation d'intimité entre le cavalier et sa monture, il soutient dans Métamorphoses de l'âme et ses symboles que « le cheval semble représenter l’idée de l’homme avec la sphère instinctuelle à lui soumise […] les légendes lui attribuent des caractères qui reviennent psychologiquement à l'inconscient de l'homme : [ils] sont doués de clairvoyance […] ils guident les égarés […] ils ont des facultés mantiques [… ils voient] aussi les fantômes ». Le cheval semble donc pour lui métaphoriser la libido, l'énergie psychique émanant de l'inconscient, et la part animale de l'homme.

Dans sa Psychanalyse des contes de fées, Bruno Bettelheim explique l'attirance de nombreuses petites filles pour les chevaux-jouets qu'elles coiffent ou habillent, et plus tard la continuité de cette attirance à travers la pratique de l’équitation et les soins aux chevaux, par le besoin de compenser des désirs affectifs : « en contrôlant un animal aussi grand et puissant que le cheval, la jeune fille a le sentiment de contrôler l'animalité ou la part masculine qui est en elle ». 

Freud voit lui aussi le cheval comme un « symbole du psychisme inconscient ou de la psyché non-humaine », la bête en l'homme.

Dans Métamorphoses de l'âme et ses symboles, Carl Gustav Jung parle du cheval comme « d'un des archétypes les plus fondamentaux des mythologies, proche du symbolisme de l'arbre de vie ». Comme ce dernier, le cheval relie tous les niveaux du cosmos : le plan terrestre où il court, le plan souterrain dont il est familier, et le plan céleste. Il est « dynamisme et véhicule ; il porte vers un but comme un instinct, mais comme les instincts il est sujet à la panique ». En ce sens, le motif du cheval est un symbole adapté pour le Soi car il représente une réunion de forces antithétiques et contradictoires, conscientes et inconscientes, ainsi que la relation les reliant (de même qu'une relation indéfinissable unit le cavalier à sa monture). Cette perception découle directement de ses qualités physiques de mobilité. Elle transcende l'espace connu puisque la chevauchée est une « transgression des limites psychiques ou métaphysiques » : le cheval permet de franchir la porte des enfers comme les frontières du ciel, le disciple atteint la connaissance sur son dos, et bon nombre de croyances en la métempsycose rapportent des aventures à cheval avant la réincarnation. Il peut aussi avoir un rôle de ravisseur.

Donald Woods Winnicott développe l'importance du « portage », qui « permet de se libérer des contraintes physiques et psychiques », et renvoie à des sensations de la petite enfance.

[Sources :  
- Wikipedia ; 
- CHEVALIER J, GHEERBRANT A, Dictionnaire des Symboles, Paris, Robert Laffont, 2004 ; 
- JUNG C.G., Métamorphoses de l'âme et ses symboles, Genève, Librairie de l'Université, 1973.]

Quoi qu'il en soit, j'étais sans doute bien plus heureux avant, quand j'étais Cheval...;-))



Jacques Brel -Le Cheval (Olympia 1966).


1 commentaire:

  1. Comme quoi rien n'est innocent... je ne verrai plus "mon petit poney" du même œil ! :-)

    RépondreSupprimer

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...